On ne sait vraiment pas ce qu’il convient d’imaginer pour ceux qui adoptent une certaine logique comme un supposé modèle institutionnel. Méconnaissance, déformation, ego ? En tout cas, jamais un appel au devoir pour tous ceux qui ne savent même pas quel rôle jouer, encore moins agir dans un milieu qui ne leur appartient pas.
On aurait aimé que les débats à l’hémicycle puissent servir à l’émergence des idées et participent à la consécration du sens de la responsabilité. Qu’ils inspirent plutôt qu’ils ne déçoivent. Il y a au fait de plus en plus de dérapages dans le paysage politique qui se revendiquent en toute impunité. La bulle spéculative qui s’est notamment emparée des élus du peuple risque d’éclater à tout moment. Voilà une façon de reconnaître l’échec des nahdhaouis, comme celui du PDL, qui se sont érigés en responsables, voire en décideurs, mais aussi de pointer du doigt l’état d’esprit qui affecte la vie collective et tout l’environnement politique.
Contrairement à ce qu’ils veulent laisser croire, les élus du peuple ne laissent entrevoir dans leur mission ni sagesse, ni objectivité, ni clairvoyance. Mais plutôt l’extravagance, les caprices et l’inconséquence. De la légèreté aussi dans leur manière de raisonner. Paralysés dans tout ce qu’ils sont censés entreprendre, ils ont visiblement laissé de côté toutes les vertus pour lesquelles ils ont été hissés là où ils sont aujourd’hui. S’ils n’ont rien appris, ni rien retenu de leur déni, ils assistent, au moins de là où ils sont, à la fin de leur monde. Ce qu’ils cherchent n’est pas tant d’être appréciés comme des acteurs vraiment capables de tirer le pays vers le haut et lui donner un peu de grandeur, mais plutôt de se cacher derrière les faux alibis, les polémiques inutiles. Ils ne s’arrêtent même pas lorsqu’ils réalisent qu’ils sont sur le point de déborder. Ici et là, ils se laissent prendre au piège de la tentation médiatique. D’autant qu’ils sont dans l’incapacité de faire valoir une vision et une thèse défendables.
L’impératif d’une possible réhabilitation impose nécessairement des règles et des contraintes bien définies. Mais aussi et surtout une véritable prise de conscience de la part des différentes parties prenantes. Une manière de se racheter, même s’il est un peu tard !… «Je ne resterai pas les bras croisés devant l’effondrement des institutions de l’Etat», prévient le Président de la République. Il est temps en effet d’agir auprès de toutes les parties qui rendent impossible la vie politique et la vie des Tunisiens.
Faire régner l’ordre ne suffit pas cependant à créer un climat positif. La confiance et le sentiment d’appartenance à la patrie plutôt qu’aux partis nécessitent un travail qui cultive le respect, la sérénité et les obligations mutuelles.
Au-delà des conséquences et des obligations que cela génère, les comportements doivent évoluer afin d’apaiser un climat de plus en plus tendu du fait des enjeux et des pressions. Stop aux petites phrases, à la langue de bois, aux discours trompeurs. Plus que de paroles, la Tunisie est aujourd’hui à la recherche d’actes, d’un programme, de stratégies et d’alternatives.